Non aux projets de méga bassines en Hérault !

Le 8 avril 2025, le Conseil Départemental de l’Hérault a acté la construction de 4 méga bassines, dont deux immédiates. En plus d’en annuler 3 définitivement. Les bassines se situeraient près de Béziers, dans la plaine viticole de l’Hérault. La bassine de Pouzolles l’Étang aurait un volume de 770 000 m³ pour un coût de 13 à 20 millions d’euros, et l’autre à Florensac, un volume de 940 000 m3 pour environ 17 millions d’euros.

Contexte global :

En Hérault, l’aridification des sols progresse tandis que la viticulture est en crise. D’une part il y a une surproduction de vin, d’autre part la consommation de vin baisse, ainsi que les exportations à l’international. En 2020 et 2024, 200 millions d’euros ont été déboursés pour distiller l’excédent en vin en France, dont 88 millions pour le Languedoc-Roussillon, avec 45 millions en Hérault selon Yvon Pellet, Vice-président délégué à l’économie agricole et à l’aménagement rural. Il devient donc de plus en plus cher de produire du vin, qui se vend de moins en moins, et ce sont les petits viticulteurs qui trinquent le plus. Par ailleurs, les scientifiques comme la Chambre d’Agriculture expliquent qu’il faut diversifier les cultures dans un contexte de réchauffement climatique qui s’accélère.

En réponse, le Conseil Départemental de l’Hérault impose la construction de 2 méga bassines, dont plus de 80 % de l’eau serait destinée à la viticulture. Une solution technique simpliste et mal adaptée, dans l’ère d’un temps dépassé, portée par deux principaux arguments :

  • l’eau proviendrait du Rhône, dont le débit est très élevé en hiver avec la fonte des glaces, ce qui éviterait de « perdre » cette eau à la mer
  • pour diversifier les cultures, il faut de l’eau, donc sans bassine, pas de diversification

Avec au départ un projet de 9 bassines, ces deux bassines permettraient de rentabiliser le réseau d’eau Aqua Domitia, un tuyau construit ces dix dernières années pour acheminer l’eau du Rhône à travers le Gard, l’Hérault et l’Aude, jusqu’à Narbonne. Le groupe BRL (Bas-Rhône-Languedoc) tient les vannes de la conduite, tout en étant propriété de la Région Occitanie/Pyrénées Méditerranée.

Avec un débit maximal de 2,5 m3/seconde, toute cette eau serait censée favoriser la croissance économique et l’emploi, notamment au travers de l’adaptation de l’agriculture languedocienne, tout en maintenant une viticulture compétitive. Mais très clairement, le Département se fiche des recommandations des plans alimentaires territoriaux et souhaite garantir un accès à l’eau à une minorité de viticulteurs irrigants, autrement dit ceux qui auraient les moyens de payer cette eau plus de 1 000 euros par an et par hectare. A savoir que la viticulture représente 80 % de l’agriculture en Hérault et que les trois quarts des exploitations sont des petites ou micro entreprises.

Pour ce qui est des tensions socio-économiques croissantes autour de l’accès à l’eau, mais aussi des pollutions aux pesticides inhérentes à la viticulture, circulez il n’y a rien à voir, ça n’est pas un sujet pour le Département. Au contraire, pour les porteurs de projet, qui se disent missionnés par les ministères, les bassines, dont l’eau serait acheminée par le groupe BRL et gérée par des ASA (Association Syndicale Autorisée), seraient vectrices d’entraide et de coopération dans les territoires. Un argumentaire récupéré aux militant.es de la Coord’Eau34 (BNM34), qui attendent toujours du Département de savoir combien, où et quand se fera la diversification des cultures tant attendue… notamment en incluant les premiers concernés que sont les agriculteurs désireux d’une production vivrière saine et locale, aujourd’hui abandonnés par l’État.

Face à l’accélération des crises sociales et climatiques, avec ou sans bassine, combien de vignobles résisteront aux sécheresses chroniques et surtout aux canicules éclaires ? En sachant qu’il faut une vingtaine d’années pour mettre en place une filière agricole, il serait temps d’accompagner à tous les niveaux des changements de pratiques selon les spécificités pédoclimatiques des territoires, tout en visant à retenir et ralentir l’eau qui y tombe et transite.

Les prochaines étapes :

De nouvelles études à mener pour la maîtrise d’œuvre (conception et réalisation), des concertations publiques et la recherche de financements vont se concentrer sur les sites prioritaires de Florensac et Pouzolles l’Etang.

Dans le cas où les impacts socio-économiques et environnementaux liés aux projets de méga bassines seraient acceptés lors des enquêtes publiques, en plus de bénéficier d’autorisations réglementaires (droit à polluer), la construction des premières retenues pourrait démarrer en 2028.

Fortement opposée à ces projets perçus comme maladaptés, la Coord’Eau34 demande un moratoire au sujet de la construction des méga bassines en Hérault, pour assurer un temps de débat démocratique sur le partage équitable, transparent et efficace de la ressource en eau, au service de toutes et tous.

No Basaran !

L’emplacement des bassines entre Montpellier et Béziers :

Pour joindre la Coord’Eau34 : coordeau34@riseup.net ou sur FB

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